Un Manager Introverti en Vaut Deux

Longtemps sous-estimé, ces profils ont désormais la côte. Réfléchis, attentif, ils n’ont pas la réputation de s’exprimer à la légère. Un atout considérable en ces temps cacophoniques.

« « L’extraverti réfléchit en parlant, l’introverti réfléchit avant de parler…. » »

En réunion, face à des collaborateurs qui s’expriment beaucoup, l’introverti éprouve de l’appréhension à donner son avis, à exprimer ses opinions. Cette cohabitation ne se passe pas toujours sans problèmes. L’introverti a tendance à s’effacer devant les autres.

L’introverti doit savoir tirer de cette vulnérabilité apparente un avantage, il doit muscler sa persévérance. Ne jamais lâcher,  si il est certain que ses idées sont bonnes, il en reparle une fois que la discussion s’est apaisée. Il développe ses qualités d’écoute, qualités essentielles pour un manager.

Secrets effacés, voire hautains : les managers introvertis sont souvent précédés d’une réputation pas très flatteuse. En réalité, ces cadres savent se montrer de fins stratèges et de redoutables meneurs d’hommes. « Ils puisent leur énergie dans la solitude, alors que les extravertis se ressourcent au contact des autres ».

Ces profils solitaires et « rentrés » décrits par le psychanalyste Carl Jung dès 1921, ont même aujourd’hui le vent en poupe : après des années de glorification des extravertis, les ouvrages de Laurie Hawkes et de Susan Cain (Laforce des discrets) nous font redécouvrir les vertus des «intros». Leur style de management, participatif et fondé sur l’écoute, serait particulièrement bien adapté à la période actuelle.

Redoutable dans la négociation, avec l’expérience, ils savent faire de leur réserve une force.

Patrick Drahi (nouveau propriétaire de SFR), Jeff Weiner (Linkedin), sont des introvertis notoires qui ont dû se faire violence pour se soumettre à l’exercice de la prise de parole.

Patrick Drahi, PDG de Numéricable : il n’est sorti du bois que pour empocher SFR face à Martin Bouygues !!

Les introvertis, laconiques….mais écoutés ! Lorsqu’ils prennent la parole, tout le monde tend l’oreille. Les mots des discrets étant pesés, ils n’en ont que plus de valeur. On leur accorde davantage de crédit qu’à ceux qui ne peuvent pas s’empêcher de penser tout haut. Ce silence est même un atout pour se faire respecter.

Plébiscité par leurs équipes, modeste, leur style de management plaît de plus en plus. Comme ils ne recherchent pas la gloire, ils ne tirent pas la couverture à eux. Autre avantage pour leurs collaborateurs : ils font davantage confiance à leurs équipes que les managers extravertis. Les jeunes fonctionnent mieux avec des managers introvertis qui favorisent la culture d’équipe.

Leaders à la force tranquille, leur charisme discret rassure leurs troupes. Certains ont même beaucoup de charisme, à l’instar de Barack Obama : il émane de cet homme quelque chose de fascinant ! On les croit hésitants, ils savent se montrer aussi fermes et tranchants que n’importe quel extraverti. Peu sensibles aux modes et à leur volatilité, ils restent fidèles à leurs choix et peuvent même présenter un aspect rassurant.

La solution : si vous êtes un manager qui aime prendre son temps entourez-vous de quelques collaborateurs impétueux et prêts à foncer, vous irez loin ensemble.